Se réconcilier avec la peur

Aujourd'hui, j’aimerais que tu penses à quelque chose que tu veux vraiment accomplir.

Peut-être que tu veux créer une nouvelle entreprise dans les six prochains mois.

Peut-être que tu veux courir un marathon l'année prochaine.

Peut-être que tu veux apprendre une nouvelle langue.

Peut-être que tu veux écrire un album, ou un livre, ou démarrer une carrière artistique.

Peu importe ce que c'est, j’aimerais que tu visualises cet objectif.

Est-ce que tu ressens de la peur?

Probablement, car elle fait partie des nouveaux projets.

Peut-être qu'elle influence un peu tes actions, ou beaucoup. Peut-être que la peur est ce qui t'empêche d'avancer en ce moment.

Peut-être que tu te dis : "Si je savais qu'il y avait de bonnes chances que ce projet voit le jour, je me lancerai”.

Peut-être que tu attends ce signe, cette confirmation, ou cette garantie.

Je pense que je suis quelqu'un de qualifié pour parler de la peur, même si mon partage risque de vous étonner.

Dans mon travail en tant que tarologue, je réponds souvent à des questions sur les objectifs : les gens cherchent dans le tarot la certitude, les résultats et les prédictions.

"Est-ce que cela va fonctionner ?"

"Suis-je sur la bonne voie ?"

"Vais-je réussir ?"

Je vais tirer et interpréter les cartes et offrir des réponses basées sur ce que je vois. Mais ce n'est pas ce qui fera une séance puissante sur le thème de la peur.

Tout simplement, parce que la peur est généralement ce qui motive ces questions.

Je le sais, parce que je me pose ces questions tout le temps.

J'ai traversé les mêmes inquiétudes quand j'ai ouvert mon entreprise pour la première fois.

Et je ressens toujours cette peur à chaque fois que je pars sur un nouveau projet, que je propose un nouveau cours ou atelier, ou que je me lance dans quelque chose que je n’ai encore jamais fait.

Laisse-moi te raconter ce que j'ai appris de ma propre expérience en tant qu’entrepreneur.

La peur est toujours là. Chaque fois que tu te fixes un nouvel objectif, la peur sera à tes côtés. Chaque fois que tu commences à avancer vers un nouveau chapitre de ta vie, la peur sera là aussi.

J'avais 22 ans quand j'ai réussi le concours de l’agrégation d’anglais. Je finissais donc mes études et je rentrais dans la vie active. Préparer le concours ne m’avait nullement préparée à enseigner à des élèves.

Mon poste en tant que stagiaire fut à 200 kms de chez moi, et on me donna des classes de terminale, alors que c’était peu recommandé pour un débutant. Normal, les élèves passent le bac et c’est une énorme responsabilité.

J'ai dû affronter des classes d’élèves à peine plus jeunes que moi et qui voulaient une chose: un prof aguerri.

Est-ce que j’avais peur ? Oui, j’étais morte de trouille! Tout d'abord, je ne savais pas si j’allais aimer enseigner. Je n'avais jamais fait ça auparavant.

Deuxièmement, je sortais de la fac et je rencontrais des personnes qui étaient dans le métier depuis des années. Je ne savais pas si elles s’intéressaient à moi, ni comment elles allaient me traiter. Certaines étaient géniales. D’autres étaient malveillantes.

J'ai pris pas mal de remarques dans la tête. On me reprochait d’être agrégée et jeune! On ne me faisait pas confiance, ou on me traitait comme si je n’appartenais pas à leur monde.

Bien sûr, je me suis souvent sentie déboussolée, car les doutes que j'avais déjà en moi se sont bien réveillés. Je me demandais souvent : "Est-ce que je perds mon temps dans ce métier ? Est-ce que je peux vraiment réussir ? Est-ce que j’arriverai à enseigner à ma façon, ou est-ce que je me berce d’illusions?”

Je suis passée par pas mal de moments d’angoisse, et en plus, j’étais loin de chez moi, dans une région que je ne connaissais pas. Il m'a fallu prendre sur moi et me concentrer sur les élèves pour commencer à ressentir de l’assurance.

Et puis, certains jours, j’étais exaltée, les élèves semblaient apprécier ce que je leur proposais, et d'autres étaient décevants. Je passais des heures à préparer un cours et ça ne donnait rien, et là, je recommençais à me remettre en question.

Au bout de 5 ans environ, je me suis vraiment sentie dans mon élément.

Pourtant, un petit rien pouvait suffire à me replonger dans les affres de l’angoisse.

Que vont penser les élèves de mon cours?

Que vont penser les parents s’ils voient que j’aborde tel sujet?

Mes collègues me suivront-ils dans mes projets, comme celui de créer un espace interactif? (A l’époque, c’était novateur!)

Dès que tu passes un niveau, de nouvelles peurs surgissent.

La peur devient plus facile à vivre après un certain temps, mais elle ne disparaît pas complètement. On pourrait penser qu'une fois qu’on atteint un certain niveau dans la vie, tout va mieux.

Mais nous revenons toujours au début d'un nouveau cycle. C’est ainsi. Nous sommes voués à changer constamment et à expérimenter la peur à chaque fois.

Et la peur qui les sous-tend les questions de mes clients lorsqu’ils viennent en consultation de tarot est la même : "Je ne veux pas perdre mon temps."

À mesure que nous vieillissons, cette peur peut devenir encore plus forte. Je sais que pour moi, c’est un facteur aggravant car j’ai peur de ne pas arriver à faire tout ce que j’ai envie de faire avant de mourir.

A ce moment-là, tu commences à te dire que tu ne peux pas te permettre les mêmes erreurs que dans le passé. Tu commences à te dire que ta vie te passe sous le nez et que tu n'as pas encore trouvé ta voie.

J’ai une entreprise de tarot. Tu crois que je ne sais pas ce que c’est d’avoir peur?

Le tarot n'est pas considéré comme un travail acceptable selon les standards en cours. Beaucoup de gens ne comprennent pas ce que je fais, ou n’essayent même pas, et je sais que je dois sans arrêt faire mes preuves.

Même si j'ai une confiance totale en mes capacités en tant que tarologue, je ressens beaucoup d'incertitude en termes de survie dans ce domaine.

C'est pourquoi chercher à apaiser la peur est inutile.

Vivre avec la peur est un état d'esprit plus réaliste.

Les gens viennent me voir pour des consultations de tarot parce qu'ils veulent être sûrs qu'un projet va fonctionner parfaitement : "Mon entreprise sera-t-elle rentable ? Vais-je réussir ? Vais-je être connu en tant qu'artiste ?"

Mais le tarot ne fait pas disparaître la peur. Combien de fois j'ai vu dans les cartes "C’EST BON, LANCE-TOI!"

Et tu pourrais penser que mes clients sont ressortis rassurés et prêts à poser des actions en direction de leur objectif.

Pas toujours! Un ou deux ans après, certains de ces clients en étaient au même endroit qu'avant, n'ayant pris aucun risque pour avancer vers leurs objectifs.

Pourquoi ? Parce qu'ils sont restés avec leur peur.

Si tu n'es pas prêt à avancer, peu importe les défis ou les opportunités qui se présentent, peu importe ce qu'une consultation de tarot te dit, tu ne feras rien.

Les consultations de tarot ne sont pas des antidotes à la peur. Le succès non plus la plupart du temps.

Cela peut sembler surprenant, mais c'est vrai. Atteindre un objectif, effectuer un changement difficile ou prendre des risques peut devenir plus facile à mesure que tu fais des choses qui te rapprochent de ton objectif. Mais je ne connais personne qui a réussi et qui ne lutte pas avec l'incertitude.

Quand nous posons des questions sur nos objectifs, les meilleures pour démarrer sont : "Que dois-je faire pour que cela se produise ?"

Connaître les étapes par lesquelles tu dois passer peut t'aider à voir ce qui est en ton contrôle en ce qui concerne ton objectif.

Alors, revenons à celui que je t'ai demandé de visualiser au début de cet article. Maintenant, au lieu de te demander, "Est-ce que cela va fonctionner ?", demande plutôt, "Que dois-je faire pour que cela se produise ?"

Tous les objectifs nécessitent un certain engagement et un sacrifice de temps et d'énergie.

Même si la réponse du tarot est positive, il faudra quand même travailler, et tu rencontreras encore des peurs par moments. Rien ne peut assurer que tu atteignes ton objectif, et la confiance ne te protégera pas des jours difficiles.

Il y aura des obstacles et des défis. Il y aura des gens qui te diront que tu as tort.

Au bout du compte, c'est à toi de décider de faire ce qu'il faut pour que ton projet voit le jour.

A la prochaine!

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